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JAKARTA - Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a exhorté le président tunisien Kais Saied à prendre des mesures pour ramener le pays « sur la voie de la démocratie », après la prise du pouvoir de son gouvernement dimanche.

Le président Kais Saied a appelé à un état d’urgence national face aux pandémies et à la mauvaise gouvernance, limogeant les Premiers ministres, les membres du cabinet, gelant le Parlement et destituant le chef d’une chaîne de télévision nationale qui a été accueillie par des manifestations de rue, mais considérée par ses opposants politiques comme un coup d’État.

Le ministre des Affaires étrangères Antony Blinken s’est entretenu lundi avec le président Saied. Dans une interview accordée jeudi à Al Jazeera en langue arabe, selon une transcription fournie par le département d’Etat, le ministre des Affaires étrangères Blinken craignait que les mesures du président Saied ne soient « contraires à la constitution ».

Quatre jours après l’annonce de sa décision par le président Saied, il n’a pas nommé de nouveau Premier ministre ni fourni plus de détails sur les mesures qu’il prendra en ce qui concerne un gel parlementaire de 30 jours.

Jeudi, il a nommé son conseiller à la sécurité nationale pour prendre les fonctions du ministère de l’Intérieur, mais s’est engagé à faire respecter les droits et libertés.

« Personne n’a été arrêté. Personne n’est privé de ses droits », a-t-il déclaré, cité par Reuters vendredi 30 juillet.

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Illustration d’un rallye tunisien. (Wikimedia Commons/Habib M’henni)

Cependant, cette déclaration a conduit les partis en Tunisie et la communauté internationale dans son ensemble à se démener pour interpréter la crise qui a laissé la démocratie tunisienne à la croisée des chemins.

Les partisans de Saied ont salué son intervention comme un début bienvenu pour la révolution de 2011, après des années de stagnation économique sous la classe politique préoccupée par le gain personnel plutôt que par le gain national.

Cependant, le président du Parlement Rached Ghannouchi, qui est également président du Parti islamique modéré ennahda, a rapidement qualifié ce coup d’État, un langage répété par les trois autres grands partis au parlement.

En tant que président, Saied venait d’une lignée indépendante, avec ni une machine de parti politique ni une organisation officielle derrière elle. Cependant, il a obtenu le soutien de l’armée qui s’est précipitée pour assiéger le parlement et le gouvernement sur ses ordres.

Les détracteurs de Saied craignent qu’il ne pousse vers une position plus autoritaire, bien qu’il ait nié le coup d’État et promis de défendre les droits et libertés des citoyens.

« Il y a deux voies, soit le déclin de la révolution, soit la possibilité de relancer sa démocratie avec des réformes politiques, y compris de nouvelles lois électorales et politiques », a expliqué nizar Makni, professeur de politique tunisienne.

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Illustration d’un rallye tunisien. (Wikimedia Commons/Azizmakni)

Quelle que soit la situation politique actuelle, le président Saied peut pousser un soupir de soulagement que la société civile soit derrière lui. La Tunisie dispose d’organisations de la société civile fortes, y compris des syndicats de plusieurs millions de membres, capables d’exercer une grande influence sur les autorités en se mobilisant dans la rue ou en fermant l’économie, pour soutenir la démocratie.

Le syndicat, l’UGTT, n’a pas dénoncé la décision de Saied mais l’a exhorté à rester dans la constitution. Jeudi, les responsables de l’UGTT ont déclaré qu’ils préparaient une feuille de route pour sortir de la crise qu’ils présenteraient au président Saied.

Un sondage publié mercredi dans les médias tunisiens par Emhrod, une société de sondage fiable et reconnue, a indiqué que neuf Tunisiens sur 10 soutenaient ses actions, y compris dans le rythme des réformes politiques, économiques et de la pandémie de covid-19. Cependant, le public veut toujours voir des résultats.

« Pas de chèques en blanc. Il (le président) doit sortir tous les jours pour nous dire ce qu’il va faire », a déclaré Hatem Belkadhi, un homme qui s’est exprimé dans la rue du centre de Tunis.

L’amélioration économique n’est pas un défi facile pour le président Saied. Dans l’espoir de prêts étrangers, Saied doit d’abord améliorer sa situation budgétaire pour qu’il améliore son état.

En attendant, l’UGTT est prêt à se mobiliser contre les mesures qui s’opposent aux pauvres, y compris les réductions des subventions ou les réductions de la masse salariale publique. Les conseillers du président Saied sont considérés comme inexpérimentés pour prendre des décisions difficiles pour surmonter la tourmente, selon Tarek Megerisi du Conseil européen des relations étrangères.


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