L’élimination du nom de Soeharto dans le MPR TAP, une étape de réconciliation ou un mauvais potentiel président?

JAKARTA – L’Assemblée générale des représentants (MPR) a officiellement révoqué le nom du deuxième président de la République d’Indonésie, Suharto, de l’article 4 TAP MPR numéro 11 de 1998 sur la mise en œuvre d’un État exempt de corruption, de collusion et de népotisme (KKN). Cette décision a été annoncée par le président du MPR, Bambang Soesatyo, lors de la session finale du mandat du MPR pour la période 2019-2024 le mercredi 25 septembre 2024.

« Le nom de Suharto dans le TAP a été déclaré terminé parce qu’il était mort », a déclaré Bamsoet. Cette décision fait suite à la lettre de la faction Golkar du 18 septembre 2024 qui a ensuite été approuvée lors d’une réunion conjointe du MPR le 23 septembre 2024.

Suharto a été accusé de corruption présumée impliquant sept fondations sociales, les pertes de l’État estimées à 1,7 billion de IDR et 419 millions de dollars américains. Malgré cela, le bureau du procureur général a suspendu l’enquête en 2006 pour un motif insuffisant de preuves et parce que Suharto était décédé en 2008.

Bamsoet a souligné que bien que le nom de Soeharto ait été retiré du TAP MPR, le TAP s’applique toujours pour encourager l’éradication du KKN en Indonésie. Cependant, personnellement, les responsabilités de Soeharto sont considérées comme résolues parce qu’il est mort. Cette décision, selon Bamsoet, est également une forme d’honneur au service de l’ancien président indonésien, malgré des lacunes au cours de son mandat de leadership.

Diverses réactions d'observateurs

Cette décision a déclenché diverses réactions d’observateurs et d’experts du droit. Bivitri Susanti, président du présidium de la société juridique de l’État, a estimé que la décision du MPR reflétait la réticence à punir politiquement le président. Selon lui, dans la démocratie, la responsabilité politique doit être maintenue, malgré les relations humanitaires. « Soeharto est déjà mort, mais la responsabilité politique doit toujours exister », a déclaré Bivitri le 29 septembre 2024.

Bivitri craint que cette décision puisse créer un modèle de pardon des erreurs de l’ancien président sans tenir compte des aspects juridiques et de l’ordre de l’État. Il a également rappelé que la suppression du nom de Soeharto pourrait conduire à un mauvais précédent à l’avenir, y compris pour le président actuel, Joko Widodo.

Conformément à Bivitri, le directeur exécutif d’Amnesty International Indonésie, Usman Hamid, estime que la suppression du nom de Soeharto pourrait renoncer aux droits des victimes de violations des droits de l’homme dans le passé. Usman considère que les crimes contre les droits de l’homme et la corruption survenus à l’ère de Soeharto n’ont pas été approfondisement étudiés, et que cette suppression réduit encore l’espace pour la société civile et les victimes d’accéder à justice.

Réconciliation ou oublier les erreurs passées?

D’autre part, certains juristes considèrent l’abolition du nom de Suharto comme une étape de réconciliation. L’ancien président de la Cour constitutionnelle, Jimly Assh Legjiqie, a déclaré qu’il n’y avait pas de preuves juridiques solides liées au KKN présumé de Soeharto, de sorte que la révocation du nom du MPR TAP peut être vue comme faisant partie des efforts de réconciliation. « Nous devons oublier le passé et ne nous vengerons pas », a déclaré Jimly.

L’expert en droit de l’État, Mahfud MD, a également souligné que toutes les questions juridiques liées à Suharto avaient été résolues. Selon lui, il n’y a pas besoin d’une nouvelle action juridique contre l’ancien président de la République d’Indonésie.

Le vice-président du MPR, Hidayat Nur Wahid, a confirmé que la révocation du nom de Soeharto du MPR TAP n’avait rien à voir avec le président Joko Widodo. Il a qualifié cette décision de suivi des lettres reçues par le MPR, y compris des lettres liées au premier président de la République d’Indonésie, Soekarno, et à l’ancien président Abdurrahman Wahid (Gus Dur).

La décision du MPR ouvre des discussions sur la portée dans laquelle la réconciliation nationale peut aller en ligne avec le respect de la justice. Alors que certaines parties soutiennent cette décision comme une étape pour oublier les vengeances passées, d’autres craignent d’avoir un impact sur l’application de la loi et la démocratie à l’avenir.